Allemagne : réduction du nombre de députés au Bundestag
17 mars 2023Pays peuplé par 83 millions d'habitants, l'Allemagne compte actuellement 736 députés au Bundestag. Il s'agit tout simplement de l'assemblée directement élue qui compte le plus de sièges au monde. A titre de comparaison, la RDC et ses 95 millions d'habitants compte "seulement" 500 sièges.
A partir de 2025, date de la prochaine législature, le nombre de sièges au Bundestag passera de 736 à 630. C'est le fruit d'une réforme voulue par la coalition social-démocrate, écologiste et libérale du chancelier Olaf Scholz, réforme adoptée avec 399 voix pour, 261 contre et 23 abstentions.
La primauté de la première voix
Ces dernières années, le nombre de sièges au Bundestag n'a fait qu'augmenter, et ce en raison d'un mode de scrutin complexe. Pour chaque élections législatives en Allemagne, les électeurs disposent de deux voix : la première permet de voter pour un candidat (ou une candidate) de la circonscription ; la seconde permet de voter pour le parti de sonchoix au niveau du Land, c'est-à-dire au niveau régional.
Pour rentrer au Bundestag, un parti doit obtenir au moins 5% de ces deuxièmes voix au niveau national. Mais : selon une règle en vigueur jusqu'à présent, si un parti obtient moins de 5% au niveau national, il peut quand même entrer à l'assemblée s'il a au moins trois candidats élus dans leur circonscription.
Cette règle, qui avait notamment sauvé le groupe parlementaire d'extrême-gauche Die Linke en 2021 (puisque le parti n'a acquis que 4,9% des voix au niveau national) va néanmoins être supprimée avec la nouvelle réforme.
340 millions d'économies
Jan Korte, un des responsables parlementaires du parti d'extrême-gauche, a qualifié la réforme de "grand attentat" contre le droit électoral. Quant à Alexander Dobrindt, le chef du parti des chrétiens-démocrates de Bavière (qui flirte aussi régulièrement avec les 5% au niveau national), il a fustigé le projet ce vendredi, estimant qu'il "ne respectait pas" les électeurs et la démocratie.
Les deux partis, ainsi que la CDU (le parti chrétien-démocrate, auquel appartenait notamment l'ex-chancelière Angela Merkel) veulent désormais faire examiner la réforme par la Cour constitutionnelle.
A noter que selon les calculs de la fédération des contribuables allemands, cette réforme, qui délesterait le Bundestag de 106 sièges, permettrait d'économiser au moins 340 millions d'euros par législature.