Steinmeier : la violence politique menace la démocratie
25 septembre 2024Le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, a appelé à bannir toute forme de violence politique.
Une société dans laquelle la violence politique se propage et qui reste silencieuse ne sera bientôt plus démocratique, a mis en garde Frank-Walter Steinmeier. "C'est pourquoi, nous ne devons pas détourner le regard", a-t-il ajouté.
Le président allemand a rencontré lundi (23.09.2024) neuf victimes et proches de victimes de la violence politique dans sa résidence officielle du château de Bellevue à Berlin. Parmi les invités, figuraient la veuve de l’acteur politique conservateur de la CDU, Walter Lübcke, assassiné il y a cinq ans à Kassel.
Autres invités : le politicien SPD Matthias Ecke, attaqué et blessé lors de la campagne électorale européenne de cette année, l'étudiant juif Lahav Shapira, passé à tabac par un camarade à Berlin et la porte-parole des survivants de l'attentat de Breitscheidplatz à Berlin en 2016, Astrid Passin.
Soutien à des partis extrêmes
"On a l'impression que de nombreuses personnes concernées ont littéralement disparu dans la nature", observe Astrid Passin. Elle appelle à mettre davantage l'accent sur les droits des victimes. L'eurodéputé Matthias Ecke, qui avait été agressé en mai dernier alors qu'il placardait des affiches pour la campagne électorale estime qu’il y a des acteurs politiques qui profitent d'un climat de violence. "Nous avons affaire à des entrepreneurs de la polarisation politique", a déclaré l'acteur politique social-démocrate. C'est surtout l'extrême droite qui crée ce climat. Elle bénéficie en outre d'un fort soutien, comme l'ont montré les élections en Allemagne de l'Est. C'est pourquoi il sera difficile de rétablir un consensus sur la question."
La veuve de Walter Lübcke met en garde contre la polarisation et la diffamation. Elle s'est montrée profondément préoccupée par la brutalisation du langage et le climat agressif dans le débat politique. Avec la polémique, la polarisation et la diffamation, il n'est presque plus possible de trouver des solutions : "et c'est là que nous devons nous opposer avec la plus grande fermeté", soutient Irmgard Braun-Lübcke.
Mépris des institutions démocratiques
Frank-Walter Steinmeier a critiqué l'augmentation de la violence à motivation politique.
Elle est devenue "quotidienne" et son acceptation augmente, c'est grave, déplore le président allemand. Dans le même temps, il a souligné que cela ne se produisait pas du jour au lendemain.
Le chemin est insidieux et passe par une brutalisation du langage, un abaissement du seuil d'inhibition, l'introduction de l'intransigeance dans les conflits, une dévalorisation de certains groupes et un mépris des institutions démocratiques. C'est là que commence "l'érosion de la démocratie", a-t-il déclaré. La violence politique détruit la démocratie.
Selon les statistiques de l'Office fédéral de la police criminelle, le nombre de délits à motivation politique avait atteint un nouveau record en 2023. Plus de 60.000 délits ont été enregistrés par la police, dont plus de 4.000 étaient des délits violents. La plupart des infractions sont commises par des extrémistes de droite.