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En Guinée, le barrage face au changement de Constitution

Zanem Nety Zaidi
14 novembre 2024

En Guinée, les autorités de transition ont lancé une campagne de communication sur l'avant-projet de Constitution. Mais les partis d'opposition guinéens s'y opposent.

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Mamady Doumbouya président de la transition en Guinée avec les officiers de force spéciale le 5 Septembre 2021.
Les structures de la société civile et les partis politiques s'opposent à l'initiative des autorités de transition en Guinée de changer la ConstitutionImage : John Wessels/AFP

Selon les autorités guinéennes de transition, la vulgarisation de l'avant-projet de constitution guinéenneest une initiative démocratique visant à impliquer le peuple dans l'élaboration d'une loi fondamentale, car  "souvent en Afrique, lorsqu'il y a une nouvelle Constitution, le peuple n'est pas consulté avant", argue Mohammed Lamine Kaba, coordinateur de l'alliance démocratique. Selon lui, "il faut apprécier et féliciter cette initiative de vulgarisation du projet de Constitution qui permettra aux Guinéens de connaître son contenu, avant de le voter".
Les structures de la société civile et les membres des partis politiques de l'opposition voient dans cette démarche un prélude qui ouvrira la porte à la légitimation et au maintien au pouvoir des autorités militaires de transition.

Appels au boycott

Par exemple, ils soulignent le fait que les dispositions de l'article 46 de la charte de la transition, interdisant aux autorités militaires de se porter candidats aux élections, n'ont pas été incluses dans le nouveau projet de Constitution. 

Alpha Condé, en train de faire un meeting populaire en octobre 2020 en marge de la course à présidentielle.
Selon la société civile, les autorités militaires de transition doivent apprendre des erreurs commises par Alpha Condé qui voulait briguer un troisième mandatImage : JOHN WESSELS/AFP via Getty Images

Rafiou Sow, président du Parti du  renouveau et du progrès, demande donc aux Guinéens de boycotter cette opération de vulgarisation de la future Constitution. 
"Nous demandons à tous les Guinéens de ne pas s'y associer, de se mobiliser et de se préparer. Nous prendrons toutes les mesures que la loi nous reconnaît, c'est-à-dire des manifestations pacifiques pour sortir de cette transition et empêcher les autorités de la transition de participer aux futures élections", dit-il. 

Ne pas répéter les erreurs du passé

Mamady Doumbouya a pris le pouvoir le 5 septembre 2021, après avoir mis fin précocement au troisième mandat d'Alpha Condé qui n’avait pas hésité à faire violemment réprimer les manifestations contestant son maintien au pouvoir. 

Moussa Baldé, membre des Forces vives de Guinée, appelle donc les autorités à ne pas faire les mêmes erreurs qu’Alpha Condé.

"Nous avons refusé qu'Alpha Condé se présente pour un troisième mandat, et ce n'est pas un putschiste qui vient de prendre le pouvoir par les armes que la Guinée va laisser faire. Nous sommes en Guinée et nous nous battons pour la démocratie depuis longtemps. Donc nous ne laisserons pas les autorités de transition nous faire le coup", prévient-il.

Les analystes politiques guinéens suggèrent aux autorités d'organiser de véritables consultations avec l'ensemble de la classe politique et toutes les structures de la société civile avant un changement constitutionnel, afin d'éviter des tensions ou de possibles violences.

Vue aérienne de Goma
Zanem Nety Zaidi Correspondant à Goma en RDC pour le programme francophone de la Deutsche WelleZanemNety