Japon : probable retour en force du nucléaire
17 décembre 2012Le résultat de ces élections annonce un changement de cap radical sur le plan politique, économique, et énergétique, notamment dans le domaine nucléaire. Si les deux grands partis de gouvernement sont conscients que le pays a bien des défis à relever, ils ne sont pas du tout d'accord sur les moyens à appliquer.
L'ex-Premier ministre conservateur Shinzo Abe, qui va sans doute revenir à la tête du pays se montre modeste : il accorde avant tout la victoire de son parti PLD au fait que les électeurs sont surtout mécontents de la politique du PDJ, le Parti démocrate du Japon (centre-gauche), ces trois dernières années.Face à la crise, l'économie japonaise n'a pu retrouver son ancienne vigueur. Ce changement de cap intervient aussi à un moment où les relations entre Tokyo et Pékin se sont détériorées en raison d'un différend territorial autour d'un archipel en Mer de Chine orientale. Des îlots sous administration japonaise mais revendiqués par la Chine. Avec les conservateurs, le conflit risque de prendre de l'ampleur. Mais il y a un autre domaine où la politique va radicalement changer : celui du nucléaire.
Oublié le "zéro nucléaire" en 2040 ?
Les électeurs ont apparemment cru - comme n'a cessé de le répéter le parti conservateur - qu'il n'existe pas d'autre alternative que le nucléaire pour assurer le besoin en énergie du pays et pour relancer l'économie. La preuve en est que le parti anti-atome n'a obtenu que huit mandats au Parlement.
Les électeurs ont préféré dimanche redonner les rênes du pays aux conservateurs du PLD, pro-nucléaires. Lundi, l'action de la compagnie gérant la centrale de Fukushima, Tokyo Electric Power, s'est envolée de près de 33% à la Bourse de Tokyo.L'avenir du nucléaire en débat près de Fukushima
C'est dans ce contexte que s'achève ce lundi une conférence internationale de trois jours sur la sûreté nucléaire à Koriyama, dans la région même de la centrale de Fukushima.
Des ministres et des experts d'une cinquantaine de pays et organisations y participent. Un an et neuf mois après la catastrophe de Fukushima, toute une zone autour de la centrale reste inhabitée. 160.000 personnes ont dû partir. Et comme l'a souligné l'actuel ministre japonais des Affaires étrangères, Kochiro Gemba lors de la conférence, si le Japon a une responsabilité particulière en ce qui concerne le démantèlement de la centrale, la décontamination et les études des effets des radiations, une coopération à l'échelon international est indispensable pour tirer les conséquences et renforcer le niveau de sécurité des centrales dans le monde. Le directeur de l'AIEA pour le Japon Yukiya Amano a affirmé de son côté que pour l'Agence internationale de l'énergie atomique, la « résolution de l'accident de Fukushima reste sa plus importante priorité ».
Parallèlement à la conférence sur la sûreté nucléaire à Koriyama, des groupes militants anti-nucléaires ont organisé à Tokyo une contre-conférence internationale, mais sous le slogan « Sortir du nucléaire ». Des manifestations contre le nucléaire se déroulent aussi dans la capitale japonaise ainsi qu'à Koriyama.