La paix au Mali, un espoir réaliste?
16 octobre 2015
Dans le nord du Mali, l'Etat malien n'a de facto aucun pouvoir, relève la Süddeutsche Zeitung.
Kidal, le bastion touareg est toujours sous le contrôle de rebelles séparatistes et un grand nombre de milices armées maraudent dans de vastes régions désertiques, arborant parfois un drapeau islamiste, parfois un drapeau prétendu laïque.Tous ont peu d'intérêt à laisser le contrôle des très lucratives routes transsahariennes de contrebande au gouvernement central de Bamako qu'ils haïssent.
L'accord de paix conclu en juin dernier entre les divers groupes rebelles touareg et le gouvernement et ses milices alliées n'a pas vraiment permis de mettre fin aux violences, constate l'éditorialiste.
Deux mois plus tard une milice pro gouvernementale prenait le contrôle d'Anéfis à 120 km au sud de Kidal, ce que les rebelles touareg ont évidemment interprété comme une rupture de l'accord vis à vis duquel ils étaient déjà sceptiques. La MINUSMA a réussi à convaincre la milice de se retirer d'Anéfis, mais, depuis, la méfiance entre les différentes factions n'a fait que s'amplifier. En outre, différents groupes islamistes ont élargi leurs actions et procédé à des attentats contre l'armée malienne et les casques bleus dans des régions jusqu'ici calmes comme dans la région de Mopti.
Un signe d'espoir toutefois : le week-end dernier, deux clans touareg ennemis depuis des décennies ont passé un accord, s'engageant à l'avenir à "régler tous leurs différends par le dialogue. " Les signataires sont d'un côté les leaders des Ifoghas, qui représentent la majorité des groupes séparatistes et de l'autre les Inghad, qui combattent principalement aux côtés du gouvernement. Avec la fin de ces rivalités, l'un des plus gros obstacles qui entrave les efforts de paix au Mali pourrait disparaître- à condition que les deux parties respectent durablement leur accord.
A Bamako les diplomates occidentaux font preuve d'un optimisme prudent. Ni plus, ni moins", conclut la Süddeutsche.
Cette semaine, le gouvernement malien a annoncé qu'il consacrerait 100 milliards de francs CFA (154 millions d'euros) par an entre 2016 et 2018 au financement des mesures prévues par l'accord de paix signé en juin dernier. Par ailleurs, la France et plusieurs autres pays de l'OCDE organisent le 22 octobre prochain à Paris une conférence sur la paix et le développement dans le nord du Mali.
Autre thème : l‘énorme vague de migration actuelle.
Une migration due en grande partie à des guerres civiles comme en Syrie, mais aussi due à des raisons économiques.
En effet, s'ils ne fuient pas des conflits armés, une partie non négligeable de migrants, dont de nombreux Africains, quittent leur pays par manque de perspectives et dans l'espoir de se construire ailleurs une vie meilleure.
Au premier semestre 2015, 19% des demandes d'asile déposées en Europe l'ont été par des Africains. Et, ce qui peut sembler paradoxal à première vue, c'est que le nombre de migrants provenant d'Afrique va augmenter avec la croissance économique dans certains pays du continent...
Sous le titre : "Avec la prospérité, viennent les migrants", le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung explique que le flux de migrants traversant la Méditerranée pour rejoindre l'Europe augmentera encore au cours des prochaines années. Le quotidien de Francfort s'appuie sur le pronostic des experts de l‘Afrika-Verein, l'Association pour l'Afrique de l'économie allemande. La migration actuelle provient moins des pays les plus pauvres que des pays qui ont atteint un certain niveau de prospérité. Car ce n'est que quand existe un minimum de croissance économique que les gens sont en mesure de s'informer pour savoir quelles chances existent pour eux ailleurs. Les familles sont alors aussi en mesure de rassembler l'argent nécessaire pour permettre à l'un des leurs de rejoindre l'Europe et d'y tenter sa chance.
Dans de nombreux pays d'Afrique, la pression migratoire deviendra plus forte au cours des prochaines années avant qu'elle ne retombe, explique le journal. Selon les experts, le PIB par tête d'habitant doit atteindre au moins 7000 dollars avant que le nombre d'émigrants ne commence à baisser.
Pour éviter que des gens tentent une traversée périlleuse où ils risquent leurs vies à bord d'embarcations défectueuses, la politique allemande de développement devrait avoir pour objectif primordial de soutenir et d'accélérer le processus de rattrapage économique des pays africains, souligne l'éditorialiste. Et là il faut s'orienter sur trois points. Le premier étant la création d'emplois sur place, le second, le développement des infrastructures et le dernier est de donner une perspective aux jeunes avec une formation professionnelle.
Des investissements intéressants pour l'Allemagne conclut l‘éditorialiste qui souligne un constat établi par les experts de l'Afrika Verein : "Aujourd'hui, l'Afrique a la même importance pour l'économie allemande que celle qu'avait la Chine il y a dix ans !"