Le pourquoi des milices au Mali
25 mars 2019Samedi, des hommes non encore identifiés ont massacré une centaine de membres de la communauté peule du village d'Ogossagou dans le centre du pays. Conséquences : les autorités ont procédé au limogeage de plusieurs hauts gradés de l'armée et dissous une milice de chasseurs dogons, "Dan Nan Ambassagou", soupçonnée d'avoir commis ces crimes.
L'auto-défense dans le centre du pays
Depuis 2014 et l'apparition dans le centre du Mali du groupe jihadiste d'Amadou Koufa, un Peul, des affrontements se multiplient entre les membres de cette communauté et des membres des ethnies bambara et dogon qui appartiennent à la milice "Dan Nan Ambassagou".
Selon Abdoul Aziz Diallo, président de Tabital Puulaku, la plus grande association peule au Mali, la milice d'auto-défense profite de la complaisance des autorités.
"Cette milice agit impunément au vu et au su de tout le monde. Elle est légalement reconnue par le gouvernement. C'est une milice militaire, parce qu'elle est structurée de façon militaire. Il y a un chef d'état-major, un chef d'état-major général adjoint, qui est fortement armé avec des armes de guerre. Même s'ils ne sont pas soutenus, en tout cas, ce sont des miliciens qui sont tolérés."
Les autorités maliennes réfutent ces accusations
Hier, le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga a reconnu que la milice Dan Nan Ambassagou "s'est écartée de ses objectifs initiaux, en dépit des mises en garde répétées des autorités administratives locales". C'est pourquoi, a-t-il poursuivi, "la protection des populations restera le monopole de l'Etat". Des propos que confirme Zahabi Ould Mohamed, le président de la commission nationale chargée du programme DDR, Désarmement, démobilisation et réintégration :
"Tout le monde est armé dans cette zone-là. Le Premier ministre a fait un déplacement sur cette région de Mopti et il a été décidé de faire un désarmement total de tous ceux qui n'ont pas le droit de détenir des armes. Chacun spécule. Des gens qui veulent mettre de l'huile sur le feu, l'Etat ne peut pas soutenir de tels gens."
Au Mali, les milices prospèrent depuis plusieurs années. L'une des plus connues est Ganda Koy, qui veut dire les "Maîtres de la terre", très active au début des années 1990 dans le nord du pays.
Ces milices d'auto-défense viennent combler l'absence de l'autorité de l'Etat, a expliqué à la DW, le politologue Moussa Sidibé.