Le référendum sur le Brexit, "un souhait, pas un ordre"
29 juin 2016
"Dans une telle situation", estime la FAZ, la Frankfurter Allgemeine Zeitung, "il n'est pas mauvais que la Chancelière veuille se donner un peu de temps pour tirer les conséquences appropriées au vote britannique. L'une d'entre elles est si évidente que même la chancelière n'a pas eu besoin d'y réfléchir longuement: l'Union européenne doit respecter ses règles, ses traités et ses promesses. Angela Merkel a admis que cela n'a pas toujours été le cas et que Berlin a aussi parfois fermé les yeux lors d'entorses aux règles de l'Union. Dans la plupart des cas, par souci de sauvegarder ce qui avait été atteint et d'éviter le pire. Mais à la longue, critique le quotidien de Francfort, agir de la sorte met encore davantage en danger ce que l'on veut sauver. Si les dirigeants européens se rendaient enfin compte de cela, alors, en partant, les Britanniques auraient rendu un service à l'Union européenne ", conclut la FAZ.
L'analyse de l'autre grand quotidien de Francfort, la Frankfurter Rundschau est nettement plus négative: "On parle beaucoup actuellement de la 'famille européenne', la chancelière a aussi utilisé ce terme. Mais en parlant de famille, "Maman Merkel" aurait dû alors préciser ce qu'il va advenir des membres restants. Et elle aurait dû au moins réfléchir un minimum sur ses propres responsabilités dans cette rupture familiale. Mais, de tout cela, pas un mot dans sa déclaration gouvernementale, critique l‘éditorialiste. Rien non plus sur le fait qu‘une politique souvent peu transparente et négative sur le plan économique et social, a contribué à la désaffection croissante des Britanniques et d'autres vis à vis de cette Union européenne. Une politique à laquelle Berlin a pourtant fortement contribué ! "
La Süddeutsche Zeitung, elle, s'intéresse aux décisions politiques que pourrait prendre désormais la Grande-Bretagne : "Le référendum a exprimé un souhait, pas un ordre. L'application du processus de sortie est entre les mains du Parlement, souligne le quotidien de Munich. Or, c'est à une très forte majorité que ce parlement s'est prononcé contre un Brexit. Ce n'est donc que contre leur propres convictions que les députés peuvent satisfaire le souhait des électeurs. Seules des élections anticipées pourraient résoudre ce problème, estime l'éditorialiste. Et si c'est la volonté des Britanniques de sortir de l'Union européenne, alors ils doivent élire un Parlement qui respecte leur volonté et l'applique dans toutes ses conséquences !" conclut la Süddeutsche.