Les « mauvais traitements » au sein de la Bundeswehr
30 novembre 2004Alerte rouge au Ministère de la défense, écrit le GENERAL ANZEIGER, de Bonn. Les nouvelles alarmantes sorties à répétition des casernes ces temps-ci justifient pleinement une réunion au sommet, mais encore faut-il que le ministre dise haut et clair que le principe de l’obéissance aux ordres exclut catégoriquement les mauvais traitements. Sinon, c’est son autorité qu’il met en jeu.
« Mauvais traitements ? », semble par contre s’interroger la FRANKFURTER ALLGEMEINE en évoquant les simulations de prises d’otages qui pour certains se terminent les yeux bandés, ligotés et aspergés d’eau au fond d’une cave ? S’il ne s’est vraiment rien passé de plus, il faut avoir une certaine « imagination morale » selon notre confrère pour y voir de la « torture ». Il préfère quant à lui ranger cela dans la rubrique « cow-boys et indiens ».
Si l’armée allemande n’est pas une « vaste chambre de torture », comme le souligne aussi la NORWESTZEITUNG, d’Oldenburg, il n’en reste pas moins quelques questions gênantes : ainsi, les NÜRNBERGER NACHRICHTEN relèvent que des dizaines de soldats ont souffert de ces méthodes d’entraînement douteuses mais qu’un seul a finalement parlé. Et cela en dit long sur le climat qui règne au sein des unités, estime notre confrère de Nuremberg.
Ou encore la MAIN-POST de Würzburg, qui se demande si l’armée est toujours vraiment l’école de la nation. Car le « citoyen en uniforme », dès qu’il est sorti de la salle de classe, se fait régulièrement et vertement remettre à la place qui est la sienne : tout petit sous son casque. Bref, selon le journal, pas question pour ce citoyen en uniforme d’être un argument de poids pour le maintien de la conscription. Au contraire, les événements récents, comme l’écrivent les LÜBECKER NACHRICHTEN, sont un avant-goût de l’armée de métier qui attend les Allemands.
Une armée allemande qui change, constate aussi la SÜDDEUTSCHE ZEITUNG : l’armée de dissuasion de jadis est devenue une armée qui effectue des missions des Balkans à l’Afghanistan en passant par Djibouti. Une réalité qui peut déboucher parfois sur une mentalité de mercenaire, renforcée par une imagerie populaire où le soldat d’Afghanistan peut très bien sortir d’un film hollywoodien – et vice-versa. Même si cela, comme le remarque enfin le MAIN ECHO à Aschaffenburg, ne doit pas être une carte blanche pour la torture et les mauvais traitements.