Les opérations russes en Syrie sont contestées
9 novembre 2015Aujourd'hui encore les interventions russes en Syrie soulèvent beaucoup d'interrogations. Alors que la Russie continue de clamer qu'elle n'utilise des bombes de haute précision que pour atteindre des cibles terroristes, des rapports dénombrent de plus en plus de morts côté civil. Safouh Labanieh, directeur général de l'Association germano-syrienne pour la promotion des libertés et des droits de l'homme, à Darmstadt, s'en désole :
"Malheureusement, les attaques russes n'atteignent que des civils. Personne n'a vu qu'une position de l'Etat Islamique a été bombardée par les Russes. Toutes les attaques sont destinées à l'opposition modérée. Nous avons été très surpris par les attaques ciblées sur les hôpitaux. Jusqu'ici, neuf ou dix hôpitaux ont été détruits."
De fin septembre à fin octobre les avions de chasse russes ont frappé près de 1400 fois en Syrie détruisant - toujours selon le Kremlin- 1623 "objets de terreur". Quels groupes sont aux yeux des Russes des groupes terroristes et quels groupes ne le sont pas ?
S'il est clair que la Russie a rejoint le président syrien Bachar al-Assad dans la lutte contre la milice terroriste "Etat islamique" (IS) et la branche syrienne d'al-Qaïda al Nosra, certains opposants au régime de Damas sont souvent considérés comme des terroristes. Des groupes tels que l'Armée syrienne libre (ASL), soutenus par l'Occident et les pays arabes, semblent les principales cibles des avions de combat russes.
Le Suisse Kurt Pelda est l'un des rares journalistes étrangers à avoir été témoin des frappes russes; pour lui la confusion va encore plus loin :
"Si on s'en tient aux déclarations des rebelles, chaque raid aérien est un raid russe. Le problème est que la Syrie et la force aérienne russe utilisent les mêmes types d'avions de combat et hélicoptères d'attaque. La plupart des Syriens ne peuvent pas les différencier. Fondamentalement, il faut être sceptique. Lorsque les Syriens parlent de ce qui pourrait être des raids aériens russes, ce n'est pas évident qu'il s'agisse vraiment des Russes."
Les conséquences pour la population civile sont graves. Elle est encouragée dans de nombreux endroits à passer à l'offensive. En outre, de plus en plus de personnes fuient vers la frontière turque. Selon les données des Nations unies 124.000 Syriens auraient fui leurs maisons dans les provinces d'Alep, Hama et Idlib. Avec les soupçons de plus en plus lourds sur une implication terroriste dans le récent crash de l'Airbus 320 russe, la situation ne va pas en s'améliorant.