Les très chers Sénats africains
31 août 2017Malgré la récession et la crise économique, les pays africains continuent pour la plupart à engager des dépenses outrancières pour financer le Sénat. Au Congo-Brazzaville par exemple, le budget 2017 du sénat s'élève à 11 milliards de francs CFA et le salaire mensuel des sénateurs est de 4,5 millions de francs CFA. À ceci s'ajoutent de sérieux avantages comme un véhicule de fonction, un garde du corps et une prise en charge financière des soins médicaux à l'étranger. Des dépenses qui saignent à blanc le trésor public.
"L'arrêt du Sénat, un signe fort"
Joe Washington Ebina est le directeur d'une plateforme réunissant les principales ONG du pays. Pour économiser l'argent public, celui-ci préconise la suppression pure et simple du Sénat.
"Le besoin actuel est ailleurs. Le besoin actuel est dans la survie de l'Etat. Le pays est dans une crise incompréhensible suite à la mauvaise gestion nationale. Il faut que ça change par des signes forts. Aujourd'hui le signe fort serait peut-être l'arrêt justement de l'institution qu'est le Sénat. Ce serait justement la diminution ou carrément l'arrêt des salaires des responsables public. Ce serait un signe fort. Écoutez, avec tout ce qui se passe depuis de longues années, ce n'est pas en bloquant six mois de salaire des responsables publiques que le pays va s'arrêter."
Le Sénat, un luxe pour certains pays
Un avis que partage le journaliste camerounais Charles Ebune. Pour lui, les dépenses liées au fonctionnement du Sénat freinent le développement de ces pays:
"La gestion du Sénat du Nigeria coûte énormément cher aux Nigérians. Un sénateur nigérian qui appartient à une commission sénatoriale reçoit 648 millions de nairas, soit à peu après 800.000 dollars par mois. Un sénateur suédois devra travailler durant 10 ans pour avoir cet argent. Les Sénats en Afrique coûtent extrêmement cher pour le développement des pays. Le scénario n'est pas extrêmement différent au Congo. Vous constatez combien c'est lourd pour un pays qui n'a pas de bonnes routes, des hôpitaux, un bon système de santé."
Dans d'autres pays, comme au Burundi, le Sénat constitue surtout un lieu de retraite doré pour les anciens présidents qui y ont une place à vie. Enfin, au Sénégal, en septembre 2012, les députés ont voté et adopté une loi qui a supprimé le Sénat. Une initiative qui a permis au pays d'économiser 12 millions d'euros par an. Mi-août, le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a promulgué la réforme constitutionnelle issue du référendum du 5 août, adopté à une large majorité, qui a supprimé notamment le Sénat.
Rappellons que le Sénat est la seconde chambre ou chambre haute dans les régimes à caractère parlementaire.