Les vérités de « Monsieur Bundeswehr »
17 décembre 2004Un soldat, ça se doit d’être dur, écrit la Tageszeitung, de Berlin. La formation des soldats destinés à être envoyés en mission à l’étranger n’est pas une partie de plaisir. Les soldats doivent être préparés à la détention et aux interrogatoires et cet entraînement doit pouvoir recourir à des mises en situation très concrètes. Il ne peut pas et ne doit pas se limiter à quelques entretiens ou discussions.
Rappelant que la fonction première du soldat est d’être envoyé au combat, risquant ainsi de tuer ou d’être tué, die Welt revient sur la fonction de « Monsieur Bundeswehr ». Contrôleur d’un organe démocratique, il est également le « Bureau des plaintes des hommes de troupe ». Paradoxalement, plus celle-ci est petite, plus les interventions de ce fonctionnaire sont fréquentes. Pourtant, le paradoxe n’est qu’apparent au vu de la restructuration actuellement en cours. Réorganisation de régiments, dépeçage ou regroupement d’unités, le tout à un rythme tel que les soldats doivent se sentir comme un troupeau en route vers l’abattoir. Devant les députés Wilfried Penner a su trouver des termes clairs pour défendre la Bundeswehr et a rappelé que le combat et la mort faisait partie du métier de soldat. Un aspect complètement refoulé au cours de ces dernières années.
La Süddeutsche Zeitung revient elle aussi sur les vérités lancées par Wilfried Penner. Après avoir souligné la sensibilité de l’encadrement et sa capacité de réaction en cas de problèmes, il a toutefois aussi critiqué la surdité de l’appareil politique face aux avertissements. Par exemple, lorsque le Ministre de la Défense affirme que les soldats en mission à l’étranger bénéficient de tout ce dont ils ont besoin. Les demandes d’intervention du rapporteur déposées par les membres de la troupe démontrent exactement le contraire. Pour le journal, il ne faut pas prendre ces avertissements à la légère. Il n’y aurait rien de pire pour le gouvernement actuel que l’opinion selon laquelle la politique impose à l’armée des tâches pour lesquelles elle n’est pas préparée.
Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung enfin, les stratèges ont pris l’habitude de considérer l’armée comme un instrument de politique extérieure. Cette perspective fait souvent oublier que cet instrument est composé d’être humains. S’ils font des erreurs, il n’en reste pas moins vrai qu’ils ne méritent pas la méfiance mais tout d’abord reconnaissance et remerciement.