Le pouvoir au Niger dénonce la diffusion de messages haineux
3 novembre 2023Des messages haineux à relents claniques, ethniques et raciaux diffusés sur les réseaux sociaux ou les sites de certains médias… C'est ce que dénoncent les autorités nigériennes.
Jeudi (02.11), lors d'un point de presse, les ministres de l'Intérieur et de la Justice, ainsi que le secrétaire général du ministère de la Communication, ont tenu à attirer l'attention sur cette situation.
Ce n'est pas la première fois que les autorités nigériennes mettent en garde contre une supposée prolifération des messages de haine. Cette fois-ci, les militaires au pouvoir estiment que ces messages sont de nature à menacer la cohésion sociale et l'unité nationale du Niger. Raison pour laquelle ils ont tenu à rappeler que les auteurs de ces messages peuvent tomber sous le coup de la loi, notamment celle portant sur la cybercriminalité.
Awal Ibrahim, chargé des programmes de l'Association nigérienne des web-activistes, estime que ce rappel est nécessaire, mais il souligne tout de même la sévérité de cette loi qui date de 2019.
"Nous même, en tant qu'utilisateurs du numérique, avons mené plusieurs actions de plaidoyer pour la révision de ladite loi. Tout simplement parce qu'il y a des articles qui sont très contraignants", explique-t-il.
Selon lui, "si on doit réellement appliquer la loi dans sa rigueur, ces gens feront des années en prison".
Le rôle de la France
Dans une interview accordée à la DW, le ministre nigérien de la Justice, Alio Daouda, a révélé qu'une quarantaine de personnes mises en cause dans le cadre de cette loi sur la cybercriminalité, aurait déjà été interpellées.
Les autorités évoquent également le rôle négatif qu'aurait joué la France. Alio Daouda n'affirme pas que la France orchestre ces messages, mais il reproche une déclaration qui rappelait l'origine arabe du président déchu Mohamed Bazoum.
"Nous n'avons pas dit qu'on accuse la France d'avoir fait diffuser des messages à caractère ethnique. Non, il faut qu'on recadre : la France a tiré sur cette ficelle ethnique", explique le ministre.
"Tout le monde a su qu'elle (la France) avait clairement dit que le président déchu est issu d'une ethnie minoritaire. Cela n'existe pas dans notre jargon, dans notre quotidien. En quoi cela regarde la France de parler d'ethnie minoritaire ?", demande-t-il.
Une guerre de communication
Selon l'analyste Mounkaila Mossi, entre Niamey et Paris, c'est le bras de fer qui continue même si son intensité a baissé.
"On est dans une guerre de communication, chaque parti veut utiliser le moyen nécessaire pour combattre l'autre parti" explique-t-il avant de préciser toutefois que "la situation est en train de se stabiliser parce que du côté de l'Elysée, il y a moins de communication sur la situation au Niger".
Selon Mounkaila Mossi, il y aurait moins d'énergie mise dans cet affrontement entre la France et le Niger, où l'on semble toutefois encore loin d'une solution pour une sortie de crise depuis le coup d'Etat militaire du 26 juillet.