1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Niger : se faire plaisir malgré la vie chère

27 novembre 2023

Entre la hausse des prix des produits de première nécessité, le manque d'électricité et de liquidités les Nigériens s'efforcent de continuer à vivre normalement.

https://p.dw.com/p/4ZUic
Des acheteurs sur un marché de Niamey (illustration)
Les prix à la consommation ont flambé ces derniers mois au NigerImage : AP

Cela fait quatre mois que le président Mohamed Bazoum est détenu par les militaires qui l'ont renversé le 26 juillet 2023. Depuis, la Cédéao a imposé un blocus économique au Niger. Le Nigeria voisin a coupé la fourniture d'électricité et fermé sa frontière avec son voisin, tout comme le Bénin.

La fermeture des frontières a provoqué une hausse des prix des produits de première nécessité, dans laquelle la spéculation joue un rôle difficile à évaluer. La pénurie touche aussi les produits pharmaceutiques.

Manque de liquidités

Les banques du pays manquent également de liquidités en raison des sanctions financières imposées par l'Union économique et monétaire ouest-africaine.

Face à cette situation, les populations s’efforcent de continuer à vivre normalement. Comme ici au centre de loisirs pour enfants, en plein centre de Niamey. Certains enfants se défoulent sur le trampoline, d'autres préfèrent les parcours de voiture.  

Mais Aminatou et Mariama sont plutôt charmées par le Battle Dance : un duel qui consiste à marquer un maximum de points en effectuant les mouvements de la chorégraphie affichée à l'écran.

Faire plaisir aux enfants

Les sœurs sont accompagnées par leur maman Aissatou. Cette mère célibataire travaille comme secrétaire dans un ministère. Depuis le coup d'Etat, elle ne reçoit plus l'intégralité de son salaire mensuel. Elle doit faire plusieurs allers-retours à sa banque qui est en manque de liquidités. 

Aissatou peine à joindre les deux bouts, mais elle a tenu à faire plaisir à ses enfants en leur offrant quelques moments de plaisir et de détente.

"Il faut bien faire plaisir aux enfants, elles ne comprennent pas ce qui se passe. Ça nous permet de fuir aussi la chaleur avec les coupures d'électricité."

"La réalité nous rattrape dès qu'on sort d'ici"

Autre lieu, autre ambiance. Le centre d'épanouissement de la jeunesse, Blue Zone est d'habitude très fréquenté. Aujourd'hui, seules quelques tables sont occupées.

"Depuis le coup d'Etat, il y a eu un grand changement. Les clients ne viennent plus comme avant", confirme Moustapha, le gérant des lieux.

Sur une des tables installées pour la clientèle, nous retrouvons Ali, propriétaire d'une librairie, et ses amis.

"On vient pour se distraire quand on a un peu d'argent, soit chacun donne ce qu'il peut, ou bien une seule personne finance tout", affirme Ali. Les problèmes sont dans un coin de la tête. On ne peut pas oublier la crise que traverse le pays parce que la réalité nous rattrape dès qu'on sort d'ici."
 
Un peu plus loin, un groupe de jeunes dames dégustent une bouteille de jus naturel au bissap. Rouki est l’une d’elles. 

"On voulait juste décompresser, se vider un peu la tête, oublier un peu ce qui se passe. Tu n'as pas besoin de milliers de francs pour te détendre et t'amuser aussi. C'est juste qu'on est obligé d'être free, d'être zen pour que les choses aillent mieux, qu'on soit positif", dit-elle en souriant.

 Notre petit tour à Niamey se termine sur le site de loisirs la Pilule, au bord du fleuve Niger. Ce vaste domaine était autrefois pris d'assaut chaque week-end par une centaine de jeunes. 

Malgré la vie chère, l'ambiance y est toujours et des habitués du coin comme Sanoussi, un jeune vendeur de véhicules, sont souvent à la Pilule. 

Assis sur le sable avec ses amis, autour de quelques brochettes, Sanoussi se décharge du stress.

"Oui, certes, il n'y a pas d'argent, mais on est vraiment obligé, sinon on va devenir fou", insiste Sanoussi.

Les Niaméens continuent de se détendre malgré la situation économique difficile. Les habitants, résilients, ne se privent pas de moments de distraction avec une recette toute simple :  se faire plaisir avec le peu d'argent qu'on peine à retirer des banques. 

Nafissa Amadou Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique