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L'Europe mise désormais sur le gaz africain

27 avril 2022

Depuis l'invasion de l'Ukraine le 24 février, les pays européens ont décidé de diversifier leurs sources d'approvisionnement en gaz en misant sur l'Afrique.

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Gazoduc au Nigeria à Port Harcourt
Gazoduc au Nigeria à Port HarcourtImage : Florian Plaucheur/AFP/Getty Images

L’Afrique fournit en ce moment, 10% du gaz européen. Un chiffre qui devrait augmenter dans les trois prochaines années. L’Italie par exemple, très dépendante du gaz russe, multiplie les contacts en vue d’importer plus d'hydrocarbures africains.

Rome a récemment signé avec Brazzaville un accord de livraison de gaz naturel liquéfié. Des accords ont également été conclus avec l'Angola, l’Algérie ou l'Égypte.  

"Nous ne voulons plus dépendre du gaz russe, parce que la dépendance économique ne doit pas devenir une sujétion politique", dit le Premier ministre italien, Mario Draghi.

Pour Umberto Triulzi, professeur d'économie politique à l'Université de Rome, Sapienza, "nous dépendons trop de la Russie et nous devons réduire cette dépendance. Mais, ce n'est pas quelque chose que l'on peut faire en un mois. Donc, peut-être que dans les deux ou trois prochaines années, nous serons en mesure de réduire de manière significative les importations en provenance de Russie. Mais jusqu'à présent, nous ne pouvons pas remplacer ces importations, en particulier le pétrole."

Le ministre allemand de l'Economie et du Climat, Robert Habeck, au Qatar, en mars dernier, pour parler de gaz
Le ministre allemand de l'Economie et du Climat, Robert Habeck, au Qatar, en mars dernier, pour parler de gazImage : Bernd von Jutrczenka/dpa/picture alliance

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Défis logistiques

Importer du gaz d'Afrique, un grand défi. Il faut des infrastructures, notamment des gazoducs, et donc de lourds investissements.

"Les pays avec lesquels nous avons passé des accords ces dernières années comme l’Algérie, la Libye, le Qatar, le Congo, tous ces pays, nous leur avons demandé d’augmenter leurs exportations vers l’Italie et nous devons le faire de manière différente. Pour certains d’entre eux comme l’Algérie, la Libye et l’Azerbaïdjan, nous avons des oléoducs mais pour d’autres, nous n’en avons pas. Nous devons donc construire des oléoducs et des gazoducs, ainsi qu’une usine de regazéification. Mais, nous ne le produisons pas, nous devons l’acheter à des pays qui le produisent, comme la Corée. Donc, c’est beaucoup d’investissements que nous devons faire et c’est quelque chose qui demande encore une fois du temps, des ressources, que nous n’avons pas tellement en ce moment à cause de la crise", explique Umberto Triulzi.

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Unité de stockage de gaz naturel à Jemgum, en Allemagne, à la frontière avec les Pays-Bas
Unité de stockage de gaz naturel à Jemgum, en Allemagne, à la frontière avec les Pays-BasImage : Ingo Wagner/dpa/picture alliance

Des réserves pour plus de 60 ans

Pour NJ Ayuk, président exécutif de la Chambre africaine de l'énergie, l’Afrique a du gaz à revendre à toute l’Europe.

"Du gaz pour alimenter l'Europe et aussi l'Afrique. L'Afrique en a assez. Nous avons plus de gaz que de pétrole en Afrique. Nous avons suffisamment de réserves en Afrique pour alimenter l'Europe pendant les 60 à 100 prochaines années. Mais des investissements sont nécessaires. Il y a d’énorme quantités de gaz au Nigeria. Le Mozambique passera de zéro à la troisième place des producteurs de gaz dans le monde une fois que ces projets auront démarré. Il y a donc tellement de gaz qui a fait l'objet d'investissements, de développement et d'exploration du gaz naturel, ce que l'Europe trouve formidable", explique NJ Ayuk.

Le Nigéria est le quatrième fournisseur de gaz naturel liquéfié de l'Europe.  Au moins 40 % du gaz nigérian est actuellement exporté vers l'Europe. Un continent qui veut fortement réduire sa dépendance de la Russie dont il importe près de 45% de gaz.

Ce mercredi (27.04.2022), le groupe russe Gazprom a annoncé avoir suspendu toutes ses livraisons de gaz vers la Bulgarie et la Pologne, assurant que ces deux pays membres de l'Union européenne n'avaient pas effectué de paiement en roubles.
 

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Georges Ibrahim Tounkara Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle