Quand Erdogan bafoue le droit international
21 août 2017En Une de la Berliner Zeitung, une photo d'Angela Merkel qui tourne le dos à Recep Tayyip Erdogan. "Provocations", titre sobrement le quotidien berlinois, qui constate que la crise diplomatique entre les deux pays s'est considérablement aggravée. En se lançant à la poursuite de Dogan Akhanli via Interpol, écrit Joachim Frank, le président turc bafoue le droit international. Il exploite les valeurs d'autrui. Il foule au pied ce qu'il y a de plus sacré en Europe, fulmine le journaliste. Selon lui, les Européens doivent faire comprendre à Ankara que les expulsions et les extraditions n'ont pas lieu d'être si les procédures judiciaires ne sont pas respectées. En d'autres termes, il convient de considérer et de traiter la Turquie comme ce qu'elle est actuellement : un Etat de non-droit, conclut la Berliner Zeitung.
La tageszeitung, la taz, évoque quant à elle le bras long d'Erdogan, qui a depuis longtemps remplacé celui de la justice. Le quotidien considère Dogan Akhanli comme une victime du conflit qui oppose la Turquie à l'Allemagne. L'écrivain était poursuivi par la justice turque depuis juillet 2013, mais il était loin de penser que ce mandat puisse avoir des conséquences pour lui en Europe. La Turquie a utilisé Interpol pour ses démêlés politiques, affirme la taz. Le fait que Dogan Akhanli ait été libéré est un bon signe, constate le journal. Mais il faut espérer que la justice espagnole ne se laisse pas instrumentaliser par Erdogan.
Jusqu'à présent, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung, le gouvernement turc s'était contenté d‘incarcérer des Allemands et d‘autres personnalités sur son territoire. Mais désormais, Erdogan étend ses arrestations à des pays tiers. Celle de Dogan Akhanli doit rester une exception.
La Süddeutsche Zeitung, elle, révèle l'existence d'un rapport de 28 pages, un rapport écrit par un ingénieur d'Audi actuellement en prison....et qui compromet de nombreux responsables du groupe automobile allemand, y compris le chef du groupe Rupert Stadler, qui auraient été informés dès 2006 des moteurs diesel truqués. Dès la deuxième page du rapport que s'est procuré la Süddeutsche Zeitung, ainsi que le NDR et le WDR (les radios-télévisions des Länder du Nord et de l'Ouest de l'Allemagne), il est stipulé que les réservoirs "Adblue" (du nom de l'additif qui permet de réduire les émissions d'oxyde d'azote) étaient trop petits pour un nettoyage complet des gaz d'échappement. Des ingénieurs d'Audi ont alors installé un logiciel interdit sur les véhicules et en ont fait part en 2007 puis en 2008 aux dirigeants du groupe. Reste à voir, se demande le journal, si ces accusations donneront lieu à une enquête contre le comité directeur de l'entreprise.