Reprise des opérations militaires "conjointes" à Beni
26 novembre 2019Après les émeutes de Beni survenues lundi dernier, la présidence a annoncé la reprise d'opérations militaires "conjointes" avec la mission de l’ONU en RDC. La décision a été prise à l'issue d'un "conseil de sécurité" national présidé par le chef de l'Etat Félix Tshisekedi, en présence de la cheffe de la Monusco, Leïla Zerrougui.
Par ailleurs, un couvre-feu a été décrété jusqu'à nouvel ordre par les autorités provinciales du Nord-Kivu entre 18 heures et 6 heures à Beni et ses environs.
Aussi, la présidence a-t-elle annoncé "l'installation d'un quartier général avancé des forces armées à Beni".
"Le seul point à l’ordre du jour (de la réunion du conseil de sécurité) la paix immédiate à Beni, dans les environs et partout. Nous installons dès maintenant et demain (ce mardi 26 novembre) ce sera effectif sur le terrain. Avec l’Etat-major général avancé et le chef d’Etat-major lui-même, nous voulons mettre tous les ingrédients en place afin que la paix s’installe très rapidement", a déclaré à la presse Aimé Ngoy Mukena, le ministre congolais de la Défense.
"Actions légitimes" et appel au calme
En visite à Paris, la présidente de l'Assemblée nationale congolaise, Jeanine Mabunda, s'est interrogée sur le rôle de l'ONU dans son pays. Elle a jugé "légitime que les populations se demandent pourquoi cette force persiste en RDC".
"Je dis à la population de Beni que je comprends leur colère.je compatis par ce que c’est une population qui a beaucoup souffert, qui a subi beaucoup de pertes, qui est déstabilisée mais on ne veut pas qu’on soit la cible, on veut qu’on soit ensemble pour réduire la menace jusqu'à la finir", a tenté de rassurer la cheffe de la Monusco, Leïla Zerrougui.
Les émeutes à Beni ont éclaté après le nouveau massacre survenu dans la nuit de dimanche à lundi de huit civils dans une attaque attribuée au groupe Forces démocratiques alliées (ADF).
Selon le comptage du Groupe d'Etude du Congo (GEC) de l'Université de New York 77 civils ont été tués depuis le 5 novembre à Beni et ses environs, dans le Nord-Kivu.
Lundi (25 novembre), des manifestants ont attaqué un camp des Nations unies et l’ont incendié pour dénoncer leur "inaction" après le massacre de près de 80 civils en un mois, attribué aux rebelles ADF-NALU. Ceux-ci sont accusés d'avoir tué des centaines de mille civils dans la région de Beni depuis octobre 2014.
Les ADF sont des rebelles ougandais musulmans hostiles au président Yoweri Museveni. Ils se sont repliés dans l'est de l'actuelle RDC depuis 1995. Ils vivent aujourd'hui repliés dans la forêt et la jungle autour de Beni, terrorisent les populations et pillant les magasins et le bétail.
"Scandaleux"
Amnesty international a pour sa part jugé "scandaleux que des civils meurent chaque jour, alors que la police locale et les soldats chargés du maintien de la paix de l'ONU restent dans leur base".
De nombreux experts estiment que les exactions des ADF ont été commises en représailles à l’annonce le 30 octobre par l'armée congolaise des opérations militaires contre leurs bases.
La survenance de ces violences ont interrompu depuis vendredi dernier les activités de lutte contre l'épidémie Ebola qui a causé la mort de 2.200 personnes dans la région.
"Il y a un risque" de reprise des cas de contamination "en ce sens que les malades ne sont pas suivis", a indiqué le coordonnateur de la riposte contre Ebola, le Dr Jean-Jacques Muyembe.