Des chars russes pour mater les émeutes au Kazakhstan
6 janvier 2022Le Kazakhstan est le plus grand pays d'Asie centrale. Il connaît depuis dimanche les pires violences depuis son accession à l'indépendance, il y a une trentaine d'années.
Plusieurs dizaines de manifestants ont été tués la nuit dernière. Des émeutes ont éclaté dimanche dans une province pour protester contre les prix de l'énergie qui flambent. Elles se sont répandues dans la plus grande ville du pays, Almaty. Pour faire face à cette colère populaire, le gouvernement a décidé d'appeler son allié russe à la rescousse.
Le prix de l'énergie comme prétexte
C'est la hausse des prix du gaz qui a mis le feu aux poudres.
Des manifestants ont tenté de prendre d'assaut des bâtiments administratifs et des commissariats de police.
Les moyens de communication ont été coupés, rendant plus difficile l'accès à l'information. Mais des images de pillages circulent ainsi que des vidéos qui montrent les incendies de bâtiments officiels et d'une chaîne de télévision. Toutes les institutions financières du pays ont cessé de travailler.
"Gangs terroristes", "criminels"
Le président kazakh, Kassym-Jomart Tokaïev, dénonce la présence de "gangs terroristes", des criminels entraînés à l'étranger qui seraient à la tête des manifestations.
Pour les contrer, les autorités emploient la manière forte : grenades assourdissantes, gaz lacrymogène. Des témoins font état de tirs à l'arme lourde. Plus de 2.000 personnes ont été arrêtées la nuit dernière, plus de 700 ont été blessées et des dizaines d'autres tuées. 18 membres des forces de sécurité auraient tués, selon des agences de presse.
Le soutien de la Russie
L'opposant russe en exil Mikhail Khodorkovsky compare dans une vidéo postée sur internet la situation au Kazakhstan avec celle du Bélarus.
Selon lui, les mêmes causes (la corruption, la répartition injuste des richesses…) produisent les mêmes effets : "Le gouvernement [kazakh] a déjà fait des concessions, promis de baisser le prix du gaz et le cabinet a démissionné. Dans ces vieux régimes autoritaires, le gouvernement comprend soit la force, soit une menace réelle d'utilisation de la force. C'est triste mais c'est comme ça. Notre gouvernement [russe] se tient aux côtés des mêmes régimes autoritaires qui n'ont pas changé depuis des décennies."
L'ancien président Noursoultan Nazarbaïev a démissionné en 2019 mais les manifestants dénoncent la mainmise que cet allié de Vladimir Poutine conserve sur les services de sécurité.
>>> Lire aussi : Les journaux allemands sceptiques après la démission du président kazakh
Du fait de son économie et de son emplacement, le Kazakhstan revêt en effet une importance capitale pour la Russie qui incitait hier encore [05.01] au dialogue avant de confirmer l'envoi de troupes sur place, des troupes présentées comme une "force collective de maintien de la paix" dans le cadre de l'alliance régionale, l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC).
Inquiétudes européennes
Les occidentaux appellent quant à eux toutes les parties à la "retenue".
L’Union européennen a fait part de sa préoccupation par la voix d’une porte-parole de la Commission, Nabila Massrali : "Nous condamnons les actes de violence, les actes de vandalisme. Nous regrettons évidemment les pertes de vie. La violence doit s'arrêter. Nous appelons à la retenue de tous les côtés. Et à une résolution pacifique de la situation. Il est évident que l'Union européenne est prête à soutenir un dialogue."