Suspension du Parlement et tempête politique au Royaume-Uni
28 août 2019C'est un nouveau nouveau tremblement de terre politique au Royaume-Uni. Le Premier ministre britannique a décidé, ce mercredi 28 août, de suspendre le Parlement. Pour cinq semaines, entre le 9 septembre et le 14 octobre. Une manière pour Boris Johnson de couper court au débat sur le Brexit, ce qui déclenche de très vives réactions dans tout le pays.
La suspension, une première ?
La suspension du Parlement n'est pas une procédure rare au Royaume-Uni. Cela se fait régulièrement, après aval de la reine. Cela permet, par exemple, aux partis de tenir leurs congrès. Mais cette fois-ci la suspension est plus longue qu'à l'accoutumée et elle intervient juste avant la date fatidique du 31 octobre, date limite de sortie fixée par l'Union européenne, avec ou sans accord.
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Quelles conséquences ?
En suspendant le Parlement, Boris Johnson coupe court au débat. Alors que le Premier ministre britannique disait encore, hier mardi 27 août, qu'il n'y avait "pas de perspectives d'accord" avec Bruxelles, la suspension du Parlement empêche, par exemple, les députés d'obliger le gouvernement à demander à Bruxelles de repousser encore le divorce, en proposant une extension du fameux article 50 du Traité sur l’Union européenne.
Comme aucun accord n'a été validé jusqu'à aujourd'hui, cette décision pourrait bien signifier qu'on se dirige vers un "no-deal", une sortie sans accord, qui fait peur, pour l'économie notamment.
Aucune marge de manœuvre pour les députés ?
Les députés peuvent réagir, mais ils ont très peu de temps. Tout est histoire de calendrier. Pour l'heure, le Parlement est en vacances encore à Londres. Il doit faire sa rentrée le 3 septembre. Et la suspension ne prendra effet que le 9. Ça laisse donc une petite semaine pour tenter d'influencer sur le Brexit. En se mettant d'accord, par exemple, pour voter un texte obligeant le gouvernement à réclamer à Bruxelles un nouveau report de la date du divorce.
Il y aura aussi deux semaines, après la suspension et avant le Brexit, au cours desquelles le Parlement pourrait agir. Mais le temps est donc très court. Et l'opposition divisée.
Reste que la société civile pourrait aussi peser. Une pétition en ligne sur le site du Parlement demandant sa non-suspension avait recueilli déjà plus de 500.000 signatures à 18 heures ce mercredi, en quelques heures seulement. Or à partir de 100.000 signatures, la question peut être soumise à débat au Parlement.
Quelles sont les réactions sur place ?
Cette décision est "un scandale et une menace pour la démocratie", a réagi le chef du principal parti d'opposition, le Labour, Jeremy Corbyn. "Une violation du processus démocratique ", pour le célèbre speaker de la chambre des députés, connu pour ses rappels à l'ordre lors des séances du Parlement.
Certains élus très en colère appellent à une mobilisation de tous côtés. Mercredi après-midi, le député travailliste Clive Lewis écrivait sur Twitter qu'il était prêt à rester au Parlement "jusqu'à se faire déloger par la police", si la suspension entrait en vigueur. "Nous demanderons aux gens de descendre dans la rue", écrivait-il aussi. Message partagé plus de 6.000 fois à 18 heures !
Boris Johnson, lui, s'est défendu cet après-midi chez nos confrères de Sky News, estimant que le calendrier fixé "laisserait amplement le temps aux députés de débattre de l'UE et du Brexit".