Une taxe pour lutter contre le sida au Nigeria
23 octobre 2012La corruption a poussé les donateurs à arrêter tout financement. Le gouvernement nigérian espère engranger entre 2013 et 2022 plus de 125 millions de dollars si les nouvelles taxes entrent en vigueur.
La quasi-totalité des Nigérians ne bénéficie d'aucun dépistage VIH-sida. Seules les femmes enceintes en bénéficient gratuitement. Cela est une recommandation de l'OMS, l'Organisation mondiale de la Santé. Aussi, le docteur Dan Gadzama, spécialiste nigérian dans le traitement du VIH/sida, pense que l'imposition de nouvelles taxes aura un impact positif dans la gestion et le contrôle du sida au Nigeria : « Nous devons être à la recherche d'idées innovantes permettant de générer de l'argent afin de continuer le travail commencé par les bailleurs de fonds internationaux, explique-t-il. Le VIH-sida est une maladie chronique qui nécessite un traitement à vie. En cas de rupture de financement, il y a rupture de traitement car les patients ne bénéficient plus de soins. Cette situation expose donc le malade a une rechute ou a de nouvelles infections. C'est pour cette raison, je crois, que cette nouvelle taxation va sérieusement influencer la façon dont nous gérons la lutte contre le VIH -sida au Nigeria.»
Inquiétude sur la gestion des fonds
Si cette initiative vient en temps opportun pour le Nigeria, toutefois, elle engendre une inquiétude. « Qui va gérer ces fonds? Et comment être sûr qu'ils iront aux bonnes personnes? » s'inquiète Abdullahi Danjuma, qui préfère que le nom de l'organisation pour laquelle il travaille ne soit pas mentionné. « Bon nombre d'organisations les utilisent le gros de l'argent pour payer les consultants, organiser des rencontres, payer des indemnités journalières à des amis et parents. Or au moment où je vous parle, nombreuses sont les personnes vivant avec le VIH qui sont dans un besoin urgent. Elles veulent de d'aide, mais personne n'est là pour les aider. Pour elles bénéficier de soins est un défi, se procurer la nourriture est un défi, tout cela parce que le système est corrompu et les fonds mal gérés. »
Le gouvernement nigérian a promis que ce sont des personnes compétentes et dignes, comme l'ancien président du pays, Muhammadu Buhari, ancien général à la retraite, qui auront la charge de la gestion de ces fonds.